Quand l'Australie démontre qu'elle peut faire aussi des grands vins.

L'histoire d'un homme, l'histoire d'un terroir
Portrait – Sutton Grange – Australie




Curriculum Vinum :
- Gilles Lapalus,  Vigneron et Œnologue de Sutton Grange. 12,8 ha de vignes.
- Cépages : Syrah, Cabernet,  Merlot, Viognier, Sangiovese et Fiano.
- Age des vignes : entre six à treize ans. Environ 30 hl/ha. Première vinification en 2001.
- Sols : granitique. Une première couche sablo-limoneuse, une seconde argilo-calcaire, sur des roches granitiques.
- Climat : Hiver frais, Printemps et Automne variables, Eté chaud et forte amplitude thermique nocture.
- Gammes : deux ; Fairbank, dans les trois couleurs dont un effervescent (méthode ancestrale) ; Sutton Grange (Haut de gamme) dans les trois couleurs. 
- Canaux de distribution : Caviste, CHR, particulier. 15 à 20 % à l'export. Prix : de 18 à 44 euros la bouteille.

Par Fabien Duvergey, Melbourne, Australie. 

Dans les brumes matinales du Printemps australien, entre les vignes, peuvent vagabonder quelques Wallabies, ces petits kangourous, symbole de l'équipe australienne de rugby. Bienvenue dans la région de Bendigo, au nord de Melbourne, rendez-vous avec Gilles Lapalus, Régisseur de Sutton Grange.


L'histoire de la vigne en Australie est relativement contemporaine. Les colons introduisent les premiers plants à la fin du XVIIIe siècle. Le phylloxéra, comme dans de nombreux endroits dans le monde, détruit le peu de vignes. Un second souffle est retrouvé à  la fin du XXe siècle grâce à la fiscalité australienne. En effet, l'achat de terres pour planter des vignes est défiscalisé, ce qui implique des investissements massifs dans le domaine viti-vinicole. Les fortunes australiennes deviennent propriétaires de centaines d'hectares, les investissements étrangers affluent. L’Australie devient alors la destination phare dans le monde du vin. Afin d'organiser ce nouveau marché à la croissance exponentielle, l’État australien implémente un plan chiffré, appelé « Strategy 2025» : les prévisions sont atteintes en seulement trois ans ! 
Cette euphorie est depuis retombée, des vignes ont été arrachées et les bouteilles se vendent moins.
Sutton Grange ou l'histoire d'un domaine différent.
Le positionnement marketing des vins australiens est clair : un vin de plaisir avec un bon rapport qualité/prix, à boire dans sa jeunesse, facile à comprendre, facile à boire, à ne pas attendre... « Enjoy now ! »


Sutton Grange a choisi un créneau opposé : créer un vin de qualité, avec un élevage en fûts de chênes français pendant plusieurs mois, des petites parcelles, petites récoltes, vendanges manuelles et des essais, des tentatives, pas de vins calibrés, standardisés. Cette position est particulièrement courageuse. Il est en effet difficile de vendre à l'étranger un vin australien de qualité avec des taxes importantes à l'export et en pleine crise internationale !
Au début du XIXe siècle, les premiers colons britanniques délimitent quelques deux mille cinq cents acres sous le nom de « Fairbank » près de la commune de Sutton Grange. Puis le domaine change de propriétaires à plusieurs reprises, passe notamment par le premier ministre du Victoria de l'époque. Mais un homme développa particulièrement le domaine : Moses Salatiel, qui crée des aras afin de préparer des chevaux de course. En 1996, Sidwell, un industriel australien rachète le domaine et outre les chevaux, il plante les premiers plants de vignes en 1998, puis cherche un œnologue et en 2000, Gilles Lapalus devient le premier régisseur de Sutton Grange.
Un perpétuel aller-retour.
Dans le milieu du vin, il y a comme une certaine récurrence : ceux qui sont dans ce domaine y ont été baignés depuis leur plus tendre enfance. Né à Cluny avec un père négociant en vin et une grand-mère propriétaire d'un domaine, Gilles ne déroge pas à la règle. Avec son DTO (Diplôme de Technicien Œnologue) passé à Dijon, et plusieurs expériences dans des coopératives et négociants, il a une envie d'étranger. 
Il part pour la première fois pendant six mois en Australie, où il travaille pour celui qui deviendra par ailleurs son beau-père, Stuart Anderson. 
Il revient en France, en Saint-Julien où il s’occupe de sa première vinification avec Emile Peynaud. A ses côtés, il y apprend les secrets de la vinification et de la dégustation, d'autant plus que l'année est mauvaise (1987). Puis après quelques articles écrits dans « La Revue des Oenologues », départ pour l’Amérique du Sud,  six mois au Chili à Los Vascos, un domaine  de plus de deux cents hectares. Puis il continue sur six mois en Argentine pendant la période la vinification. Un détour par la Californie pendant quelques mois et un retour en France. 
A peine le temps de participer au Vinexpo à Bordeaux en 1989, qu'il commence à travailler pour Castelli en Toscane. Consultant pour plusieurs domaines, il approfondit ses connaissances dans les cépages italiens. Comme si c'était écrit, il rentre en Bourgogne, et devient régisseur du « domaine de Prieuré ».
Changement radical en 1991, à l'initiative de Jacques Puiser, l'Institut de dégustation français du goût est créé et Gilles en fait partie. Le but est d'apprendre à déguster et savoir distinguer les saveurs particulièrement aux plus jeunes. Il garde tout de même un pied dans le monde du vin, car il est consultant chez Georges Roumier et continue à écrire quelques articles dans « La Revue des Oenologues ».
En 1995, il co-fonde une entreprise de consultant et enfin en 2000, après une ultime vinification à Tenuta de Valgano en Italie, il commence à Sutton Grange, en Australie.
La première récolte commerciale a lieu en 2001. Rapidement, Gilles, fort de son expérience italienne, n'hésite pas à planter du Sangiovese, et Fiano, des cépages italiens, qui s'accoutument rapidement au climat de la région de Bendigo. Il est l'un des précursseurs de ce genre de cépages en Australie. Malheureusement, en 2008, les impacts de la crise financières se font ressentir. Des ventes plus difficiles à réaliser. 
Mais avec une telle qualité notamment en blanc, la croissance ne peut être qu'au rendez vous. C'est un vin qui mérite d'être plus connu. Par exemple, ce Sutton Grange, Viognier, de 2009, mérite les mêmes honneurs que certains de nos Condrieu !


Le premier tour du monde des vignerons et œnologues français expatriés sur : 
Vin-et-voyage.blogspot.com

1 commentaire:

  1. Matthieu JOOSTEN17 janvier 2013 à 04:47

    Bonjour, je me présente, Matthieu JOOSTEN boulanger pâtissier dans le nord de la France.
    Votre pays et votre culture m'interresse réellement, mais pour des raison de santé je ne peux quitter la France qui offre une couverture santé interéssante, il n'y a pas que des inconvégnant à être français.
    Afin d'apporter une nouvelle corde à mon arc et par la m^me occasion, faire découvrir vos produits, afin de les associés à mes pâtisserie, ou pains.
    Une sorte de brassage des culture.
    L'idée est toute fraîche, mais je pense qu'elle peut être intérassante pour chacun.
    Si vous pouviez me donner quelque infos sur vos produits, et voir si l'idée peut vous séduire.
    Cordialement
    M.JOOSTEN
    mattjoosten@free.fr

    RépondreSupprimer